LE TRAVAIL DES ARCHEOLOGUES
de la fouille à l'interprétation
Il s'agit d'un travail d'équipe, long, minutieux et méthodique.
Les archéologues commencent par choisir un site où ils pensent pouvoir trouver des éléments pour répondre aux questions qu''ils se posent. par exemple
      Comment vivaient les Hommes préhistoriques sous cet abri-sous-roche du Quercy au Paléolithique supérieur ?

Tu vas pouvoir en suivre ici, les principales étapes.
N'hésites pas à cliquer sur les photos pour les agrandir et sur les mots en gras si tu ne les comprends pas.
En bas de cette page, tu pourras aussi t'amuser à faire un puzzle.

1 — SE SITUER DANS LE TEMPS
Les archéologues disposent d'un calendrier naturel constitué par les différentes couches
de sédiments qui se sont déposées sur un site : c'est la stratigraphie.
1. coupe stratigraphique Ici, à Pincevent (Seine-&-Marne), les couches
— labourée depuis l'Antiquité

protohistorique
(gauloise)


néolithique (paysans préhistoriques)

mésolithique (derniers chasseurs-cueilleurs)
sous le sable
magdalénienne
Le principe est simple :
— la couche la plus profonde est la plus ancienne
    car elle s'est déposée la première
— la couche la moins profonde est la plus récente
    
car elle s'est déposée en dernier.
On peut donc situer les couches dans le temps, les unes par rapport aux autres et par conséquent dater
les objets qu'elles contiennent.
Réciproquement, des objets bien datés sur d'autres sites, servent à dater les couches archéologiques.
On obtient ainsi une chronologie du site.

Cela a été pendant longtemps la seule façon de dater.
On dispose maintenant de techniques de datation absolue comme le Carbone 14 ou la thermoluminescence

2 — LA FOUILLE ET L'ENREGISTREMENT DE SES DONNEES
2. un chantier de fouilles
Les archéologues commencent toujours leur chantier en implantant un système
de repérage, indispensable pour le bon enregistrement des données.
Ce système est en 3D à partir d'un point qu'on surnomme le point Zéro.
Le repérage vertical (ici avec un niveau de chantier) permet de
— donner la profondeur des objets et des couches et donc de les situer
    dans la stratigraphie et dans le temps
— retrouver les pentes et le relief des couches à l'origine et donc de mieux     comprendre l'environnement des hommes qui vivaient là.
Le repérage en plan se fait grâce au carroyage qui délimite par des ficelles,
des carrés d'un mètre de coté, identifiés par une lettre et un chiffre (A5, B2, etc.) comme dans un jeu de bataille navale .
les archéologues au travail
à Pincevent, les préhistoriens travaillent sur des planches et pied nu afin d'éviter au maximum d'abîmer le sol préhistorique. Tous les archéologues ont ce souci mais il est très rare de pouvoir se passer de chaussures. C'est possible ici, car les fouilles ont lieu en été, sous des abris et sur une terre très fine appelée limon.

La plupart des personnes fouillent. C'est à dire qu'ils retirent la terre en laissant les vestiges archéologiques en place. Ils déposent la terre dans des seaux. Ils utilisent ici, les outils suivants :
outils de dentiste, petite truelle, pinceaux de taille variable, pelles de ramassage.

La femme allongée et l'homme assis au centre de la photo ne fouillent pas,
ils enregistrent les objets archéologiques. C'est l'étape du démontage.
L'homme pointe sur la photo qui sert ici de plan, l'objet que lui désigne et décrit la femme :
— il lui attribue un numéro d'identité :
— il note sur la fiche d'enregistrement la nature de l'objet, ses coordonnées exactes
    et toutes les remarques utiles pour l'étude ultérieure.
Les objets ne sont pas les seules choses que l'on étudie et que l'on enregistre.

Si tu observes la coupe stratigraphique au fond de la photo, tu remarqueras des espèces de niches.
Ce sont les traces des prélèvements de sédiments pour différentes analyses de laboratoire
— le sédimentologue pourra expliquer les conditions de dépots des terres et le climat à ce moment-là ;
— le palynologue pourra donner des indications sur les plantes qui poussaient :
— etc.

Quand les archéologues fouillent un site archéologique, ils le détruisent.
C'est comme si, quand tu lis une histoire, tu arrachais et détruisais chaque page que tu viens de lire.
C'est pourquoi ils enregistrent le maximum d'informations et de plusieurs façons.
Ils prennent des notes, remplissent des fiches, font des plans, des photos.
Il existe maintenant des logiciels spécialisés et l'ordinateur est un outil précieux.
5. enregistrement photographique
4. enregistrement informatique des données
Il arrive aussi que l'on moule le sol que l'on vient de fouiller, quand il est particulièrement intéressant.
Cela permet
— de conserver une image en relief de ce sol que l'on va détruire en faisant le démontage
— de le présenter aux gens qui viennent visiter une exposition ou un musée
6. réalisation du moule 7. le moule terminé 8. réalisation du moulage 9. le moulage
3 — L'EXPLOITATION DE LA FOUILLE
La fouille n'est qu'une petite partie du travail des archéologues.
Elle permet de collecter un maximum de vestiges et d'informations
qu'il va falloir traiter et étudier pour comprendre le site que l'on vient de fouiller.
10 . objets sortant de la fouille
Après le démontage, les objets sont marqués (numéros de site, carré,
couche et d'identité)
, triés et remis aux spécialistes qui vont les étudier.
Par exemple,
— 
les silex taillés iront chez un archéologue
— la parure
(les bijous) chez un autre
— les ossements des animaux chez un archéozoologue
— les ossements humains chez un anthropologue,
— etc. etc. etc.
11. atelier de conservation-restauration
Certains objets sont particulièrement fragiles.
On les confie, parfois même avant de les retirer de leur couche archéologique, aux bons soins des conservateurs-restaurateurs.
Ils pourront ainsi être conservés, étudiés et quelquefois présentés dans un musée.
Avant que cette profession existe, il arrivait que l'on voit des objets en fouillant mais qu'ils disparaissent plus ou moins rapidement une fois sortis de la fouille.
En observant les archéologues au travail, tu as remarqué qu'ils mettaient la terre dans des seaux.
Même si on fouille très bien, il reste toujours dans la terre de tout petits vestiges qu'on ne peut récupérer qu'en tamisant les déblais de fouilles.
Ces mini-vestiges peuvent être très intéressants.
12. un poste de tamisage
C'est pourquoi chaque seau correspond à un seul carré et une seule couche pour savoir d'où ils viennent.
On fait passer la terre dans une série de tamis dont les trous sont de plus en plus petits.
13. tri des produits de tamisage
On récupère dans chaque tamis, les vestiges qui y sont restés et on les trie.
Exemple d'informations que l'on peut obtenir
Les esquilles de silex, sont de minuscules morceaux qui se détachent du bloc de silex quand on le taille. On ne peut les retrouver qu'en tamisant.
Si l'on trouve des esquilles, cela nous indique qu'un préhistorique à tailler le silex à cet endroit-là.
La façon dont elles se répartissent sur le sol peut aussi nous indiquer l'endroit où se tenait le tailleur et les limites de l'habitation.
Les prélèvements des sédiments sont analysés en laboratoire par les différents spécialistes. A titre d'exemple, tu vois ici, le laboratoire d'un palynologue et ce qu'il voit dans son microscope.
Les prélèvements pour les datations absolues sont envoyés dans des laboratoires.
14. laboratoire de palynologie
15. squelette d'un grain de pollen de pin
clique sur la photo pour découvrir
le centre de datation par le radiocarbonne
de l'université de Lyon
4 — L'INTERPRETATION DE LA FOUILLE
L''interprétation est l'étape durant laquelle on va essayer de répondre aux questions que l'on s'est posées au départ et de comprendre ce que l'on a dégagé et observé.
Chaque spécialiste a travaillé dans son bureau ou son laboratoire. Il a obtenu un certain nombre de résultats.
C'est en réunissant et comparant les informations de tous les chercheurs que l'on va pouvoir émettre des hypothèses et s'approcher de la réalité de la vie des hommes du passé.
A Pincevent, le sol que fouillaient les préhistoriens sur la photo correspond à une habitation.
Tu peux voir maintenant l'interprétation qu'ils ont fait de ce qu'ils ont fouillé et étudié puisqu'ils ont cette fois-là reconstituer le sol et construit une tente telle qu'ils pensent qu'elle devait être.
15. reconstitution d'un sol archéologique 17. restitution de l'armature de la tente 18. restitution de la tente
L'ARCHEOLOGIE EXPÉRIMENTALE
19. archéologie expérimentale
C'est une branche un peu particulière mais de plus en plus utilisée car elle apporte beaucoup d'informations sur la vie des hommes du passé et permet de mieux comprendre ce que l'on trouve.
En simplifiant, certains archéologues, cherchent à retrouver les techniques qui ont permis de fabriquer les objets que l'on retrouve en fouille.
Sur la photo, un préhistorien découpe un morceau de bois de renne avec un outil en silex qu'il a taillé, pour fabriquer une pointe de sagaie comme au magdalénien.
Les objets obtenus sont comparés avec ceux trouvés en fouille.
Ils peuvent également servir à faire tester des hypothèses sur leur utilisation.
Une équipe qui travaille sur la chasse au paléolithique supérieur, a taillé des pointes de flèche et de sagaie en silex et les a utilisées pour tirer dans des carcasses d'animaux. Ils se sont aperçus qu'à chaque fois, ces pointes s'abimaient. Donc quand on trouve dans un site, des pointes en parfait état, c'est qu'elles n'ont pas servi.
5 — LE PARTAGE DES CONNAISSANCES
Les archéologues ne travaillent pas pour leur simple plaisir mais pour mieux comprendre qui sont les hommes, comment ils ont vécu et comment nous sommes devenus ce que nous sommes.

Ces informations concernent tout le monde et c'est pourquoi ils doivent les partager. Ils doivent dans tous les cas, faire des rapports de fouilles et faire des livres sur leurs recherches. C'est souvent très compliqué et pour les spécialistes.

C'est pourquoi, ils préparent aussi avec d'autres personnes, des livres pour les enfants ou les adultes qui ne sont pas archéologues, des films que l'on peut voir à la télé (comme sur la photo), des expositions dans les musées, des sites Internet, etc.

20 . partage des connaissance
Tu as pu constater que si le travail des archéologues n'a pas grand chose à voir
avec Indiana Jones, Sydney Fox, ou Lara Croft
c'est un métier ou plutôt un ensemble de métiers
pour lesquels se passionnent des hommes et des femmes
qui sont de véritables enquêteurs du Passé .

Si tu veux avoir une petite idée de ces métiers, clique sur l'étoile